Bio

 

Anne Gracia, née en 1957 à Paris, débute sa carrière dans le domaine du cinéma. À la suite de la révolution roumaine, elle réalise le documentaire primé Une journée à Bucarest, témoin de la transformation profonde de la ville.

Captivée par l’élan de liberté qui s’y instaure après la chute du régime dictatorial, elle s’établit à Bucarest et fonde la première chaîne de télévision indépendante du pays.

En 2000, de retour en France, elle s’installe à Arles où elle se consacre pleinement à la peinture et à la recherche picturale.

Aujourd’hui, Anne Gracia partage son temps entre Arles et Paris, travaillant dans son atelier Beaurepaire, situé au bord du Canal Saint-Martin.

« L’œuvre d’Anne Gracia est fruit d’une longue sédimentation, comparable à celle des alluvions dans le Delta du Danube que l’artiste aime à contempler. De la communion avec l’espace et la nature sont un jour nés des signes, un langage chiffré qui, depuis, se déploie sur divers supports et selon des techniques variées. L’encre y est matrice. Elle court à la hâte sur les bandes de scotch — support de secours au début qui, tel le lit d’une rivière, s’est mis à en accueillir les remous et les jaillissements du médium. L’encre n’est pas seulement moyen, elle est aussi matière, à la fois fluide et grenue. Elle réagit aux mouvements intérieurs qui animent l’œuvre, et les offre au regard autant qu’au toucher. Elle prend aussi son essor sur des supports plus larges sur lesquels elle devient flux, ondes, vibrations. Membrane sensible, elle y résonne des sensations engrangées par l’artiste. Les signes ne composent pas une langue mais chiffrent la relation entre l’artiste et le monde. La lumière s’y fraie un passage et donne vie à l’encre. L’une n’existe pas sans l’autre. Dans les œuvres les plus récentes, la matière s’est densifiée ; elle est devenue opaque jusqu’au point où il a fallu y réaliser des coupes claires, en révéler le revers, par des déchirures qui mettent à nu le blanc du papier. Ainsi la lumière jaillit, sillonne le fond, y trace des éclairs ou s’y épanouit en tiges luxuriantes. Le sens du toucher s’invite ici de façon encore plus insistante. Si les œuvres précédentes nous enveloppaient de leurs palpitations lumineuses, celles-ci nous incitent au plongeon à traverser leurs épaisseurs riches de mystère. »
Anne Malherbe (2024) - Exposition Encres&Ames

En me basant sur ma vision de l’art de la calligraphie, j’ai voulu remonter à l’expression la plus primitive de l’idéogramme. J’ai imaginé qu’avant l’idéogramme, il y avait le signe. Mais pas n’importe quel signe. Un signe magique, organique, vivant, en perpétuel changement. Un signe presque insaisissable. Un signe attaché à un souvenir, à une émotion, à un souvenir d’émotion. Un signe intense, fragile, éphémère. Seule la trace laissée par ce signe est accessible. C’est la trace de ce signe, l’empreinte qu’il laisse avant de s’évaporer, que j’ai tenter de capturer et saisir.

EXPOSITIONS